Marche arrière : Il était une fois Carlos Reutemann - Auto titre
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Marche arrière : Il était une fois Carlos Reutemann
Autotitre le dim 25 juil 2021 à 13:45

Monsieur Poulidor.
Par Arnaud A. pour Autotitre.com

L'Argentine, ses plaines sublimes, sa gastronomie, sa bordure océanique, et surtout, son pilote, LE pilote, Juan Manuel Fangio.

Et pourtant, il n'était pas le seul argentin rapide.

Alors que Fangio se lance dans les courses routières, le petit Carlos Reutemann voit le jour à Santa Fe, d'un père d'origine allemande et d'une mère au sang italien, et grandit au sein d'un foyer de la classe moyenne, au rythme des victoires du fils du pays, Fangio.

Dès la fin des années 60, il s'essaie à la course automobile, avec succès. Il est appliqué, travailleur, mais il n'a pas ce don qui fait des champions des grands champions.

Oh, il est rapide, mais il s'applique à être rapide, il intellectualise énormément ses courses, et ça lui coute, physiquement, et psychologiquement, d'être toujours au dessus de ses vraies capacités.



Dès 1969, il gagne le championnat national de Formule 2, ce qui lui vaudra de partir pour l'Europe, berceau des compétitions les plus disputées, pour participer au championnat d'Europe de Formule 2, au volant d'une Brabham engagée par l'Automobile Club argentin, qui voit en Reutemann le fils spirituel de Fangio.

Première course, premier accident. Il terminera deuxième d'un championnat très disputé, dès sa deuxième participation.

Il n'en fallait pas plus pour que Bernie Ecclestone l'engage en F1 dans l'écurie officielle Brabham. Premier Grand Prix en Argentine, sur ses terres, il obtient la pole position! Malheureusement, il termine 7e, hors des points. Sa saison sera moyenne, mais son coéquipier, qui n'est autre que Graham Hill, n'aura guère plus de succès.

Brabham revient sur le devant de la scène en 1973, avec une voiture plus performante, et Reutemann signe ses premiers succès. GP de France, GP des Etats Unis, pour terminer 7e au général en fin de saison.

Entre temps, Brabham s'est offert les services d'un certain Gordon Murray, un ingénieur de génie qui s'est penché sur le berceau de la Brabham BT44.

Reutemann travaille dur pour maîtriser cette BT44 qui offre une des premières vraie maitrise de l'effet de sol, et ça lui réussit plutôt bien. Exalté, il survole le GP d'Argentine, avec 49 tours en tête sur 53, mais son entêtement entrainera un abandon au dernier tour pour...panne sèche!

CC BY-SA 3.0

Il remportera les GP d'Afrique du Sud, d'Autriche et des Etats Unis, mais ne pourra faire guère mieux que 6è au général, la voiture étant capricieuse.

Pour la saison 1975, le bloc Cosworth reçoit ses dernières évolutions, la BT44 est mieux maîtrisée, et Reutemann caresse le titre pour la première fois. Si il ne gagne que le GP d'Allemagne, il fait preuve d'une incroyable régularité. Au GP d'Italie, il est le dernier à pouvoir disputer le titre à un certain Niki Lauda. Las, il terminera troisième au général. Pour beaucoup, il clôture ainsi sa plus belle saison en F1. Il est serein, ne force pas son talent, maitrise parfaitement sa F1, et semble capable de la pousser encore plus loin.

C'était sans compter sur la décision d'Ecclestone d'acheter un nouveau moteur à Alfa Romeo. Le 12 cylindres à plat remplace le bloc Cosworth.

Personne n'arrive à faire prendre la sauce. Ni les ingénieurs, ni les pilotes. Reutemann quittera même son écurie en milieu de saison, dégoutté par les pannes à répétition de son moteur.

Niki Lauda a eu son terrible accident au GP d'Allemagne, et Ferrari fait un pont d'or à Reutemann pour le remplacer. Encore une fois, le destin mettra dans bâtons dans les roues de notre argentin, puisque Lauda, toujours convalescent, reprendra son volant, releguant Reutemann au rang de 3e pilote d'abord, et de pilote essayeur pour la fin de saison. Néanmoins, le commandatore veut le garder, et lui promet la place de Clay Regazzoni pour la saison 1977.

Entre un Lauda fatigué physiquement, une Ferrari au top de ses compétences, et un Reutemann qui a accumulé les kilomètres au volant de la belle italienne, tous les projecteurs sont braqués sur lui. Podium en Argentine, victoire au Brésil, et puis....Il devra accepter la supériorité de Lauda, bien loin d'être l'animal blessé que dépeignait Enzo Ferrari à qui voulait l'entendre. Lâché par son écurie, Lauda dominera pourtant la saison 77, remporte son deuxième titre mondial, et laisse à Reutemann une 4e place au général.

CC BY-SA 3.0

78, l'histoire se répète. Reutemann est libéré psychologiquement de Lauda, et tire la quintessence de sa Ferrari, vieillissante, et difficilement capable de suivre le rythme donné par les nouvelles Lotus d'Andretti et Peterson. 3è au général.

Il décide d'accepter l'offre de Lotus, et remplace Ronnie Peterson, décédé en fin de saison 78.

Pas de bol, la concurrence a copié l'effet de sol des Lotus, et l'a amélioré. Reutemann terminera 6è au général, avec comme seule consolation, d'avoir dominé le champion du monde Andretti, à matériel égal.

Le voilà parti chez Williams, pour la saison 80. Il remplace à nouveau Regazzoni, et se fait dominer par Alan Jones, son co-équipier.

81, la révélation. Reutemann comprend l'auto et ses réactions, et termine deuxième au premier GP de la saison, derrière Jones.

Arrive ensuite le GP du brésil, qui lui coutera son titre...

Il refuse la consigne de l'écurie qui est de laisser gagner Jones, et termine premier du GP. Williams sera furieux, et toute l'écurie lui en voudra tout au long de la saison, Jones le premier.

Jones aura toujours le meilleur moteur, Reutemann se contentant du second choix ou des moteurs d'essais, malgré son ascendant sur Jones.

Comme Lauda chez Ferrari en 77, Reutemann roule seul contre tous, une saison où il est dans le dur à chaque course, tant psychologiquement que physiquement. Il donnera tout ce qu'il a, et parfois plus. Il ne lutte plus contre Jones, qu'il domine, mais contre le jeune Nelson Piquet, sur Brabham, qui remonte au classement.

Ils arrivent tous les deux au dernier GP de la saison, Las Vegas, chacun en mesure de marquer assez de points pour être champion du monde.

Piquet rate ses qualifs, Reutemann prend la pôle. Dès le début, Jones passe étonnamment facilement son co-équipier argentin.

Tandis que Reutemann se bat contre sa boîte de vitesse, Piquet lutte pour atteindre la 6e place, qu'il atteindra au 22e tour de la course, au prix d'efforts surhumains. Il est virtuellement champion du monde, et doit continuer à lutter plus de 50 tours pour le rester. En fin de course, Piquet est tellement épuisé qu'il est atteint de vomissements. Il est champion du monde, alors que Reutemann termine 8e, hors classement, et second au championnat du monde.

Pire, la presse, et même son écurie l'enterrent, mettant de coté son problème de boîte, en justifiant que Jones avait gagné, lui, et en arguant que Reutemann cherchait juste une excuse pour cacher le fait qu'il avait encore craqué psychologiquement.

Quelques jours plus tard, Williams s'excusera de ne pas lui avoir monté une nouvelle boîte pour son dernier GP, celle posée sur l'auto étant dans un état lamentable...

Si il reste chez Williams pour la saison 82, tout ne se passe pas comme prévu.

Reutemann termine second dans la roue de Prost au GP d'Afrique du Sud, et abandonnera sur collision au GP du Brésil.

Surprise, il ne participe pas à la troisième manche, au GP des Etats Unis, et annonce brutalement la fin de sa carrière.

Officiellement, il dira qu'il est allé au bout de son corps pouvait lui permettre d'endurer, et que le passage aux suspensions raides comme du bois le faisait terriblement souffrir du dos.

Officieusement, toutes les rumeurs courent. Une énième dispute avec Frank Williams, un coup de sang à retardement contre l'ensemble de la saison précédente, et aussi un contexte politique, puisqu'il est un pilote argentin, dans une équipe britannique, en pleine guerre des Malouines.

Justement, sa seconde carrière sera politique. D'abord gouverneur de la province qui l'a vu naître, il devient Sénateur fédéral, et exercera son mandat jusqu'à la mort.

Même là, il restera éternellement second, puisque souvent pressenti pour devenir Président du pays, il déclinera à chaque fois.

Gordon Murray ne l'a jamais oublié.

"Aussi rapide qu'un Senna dans ses bons jours, il avait un ressenti et une précision incroyable dans les virages rapides ".

146 Grands Prix pour les plus grandes écuries, 12 victoires, il aura couru avec les plus grands.

Sa fille annoncera sa mort ce 7 juillet 2021.

"Papa est parti dans la paix et la dignité après s’être battu comme un champion, avec un cœur noble et fort. Je l’ai accompagné jusqu’à la fin. Je me sens fière et bénie pour avoir eu un tel père. Je sais qu’il m’accompagnera chaque jour de ma vie jusqu’à ce que nous nous retrouvions dans la maison du Seigneur"

Au revoir Monsieur Reutemann.

Reutemann_Arc Crédit: Eurosport

Retrouvez ici tous les "Marche arrière"
Kri le dim 25 juil 2021 à 14:59
Bel hommage 👍🏻
turbo1980 le dim 25 juil 2021 à 17:09
Super interessant :good:

J avais appris sa mort en temps voulu mais son nom me parlait pas maintenant j en sais plus :good:
caraddict le dim 25 juil 2021 à 17:24
Effectivement bel article :good:
epine43 le dim 25 juil 2021 à 17:32
effectivement....manque sa date de naissance ?
ctncrsp le dim 25 juil 2021 à 19:43
Toujours intéressant à lire ces histoires :good:
Raminagrobis le dim 25 juil 2021 à 20:02
Merci !
guillaume7693 le lun 26 juil 2021 à 09:36
Merci. Je ne me rappelle que des championnats 80 et 81, les premières saisons que j’ai suivi. Je me rappelle donc bien de la classe de Reutemann. 👍
jujuleterrible le lun 26 juil 2021 à 09:38
merci :good:
EenSayn le lun 26 juil 2021 à 11:18
:good:
Jpcevol le lun 26 juil 2021 à 18:11
Bel hommage 👍👍
Vins850 le lun 26 juil 2021 à 18:50
:good:
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