Renault veut plus de visibilité en Formule 1

Pour l’année 2015, la famille Renault s’est fortement rétrécie avec les pertes de Lotus et potentiellement de Caterham. Dans quelques heures, le Losange présentera ainsi uniquement une Toro Rosso et une Red Bull. Une situation non souhaitée par Renault dont le modèle économique reposait jusqu’à présent sur une fourniture de moteurs à au moins trois équipes. Problème, de l’aveu même de Cyril Abiteboul, personne ne veut du Power Unit actuel.

" Qui, cette année, a parlé en termes positifs de ce moteur ? ", interroge le français dans une excellente interview accordée à l’édition de Février de Sport Auto. " Il faut connecter le coût d’un tel projet technique à ce qu’il crée en valeur. Il n'y a aucun doute sur la valeur technologique d’un tel moteur mais sur sa valeur commerciale et sportive, on est proche de zéro. Le bilan simple est que personne (les petites équipes, ndlr) ne veut de ce moteur-là. Je n'ai pas de clients pour " le payer ". "

Renault pointe ainsi du doigt l'actuelle configuration du Power Unit qui pose problème, que ce soit d'un point de vue image mais également financier. Si les équipes ne sont pas prêtes à le payer, c'est aussi un manque à gagner pour les motoristes.

Renault milite donc pour un changement de réglementation et rappelle que le Losange n'est pas à l'origine des Power Unit actuels. " Contrairement à ce que tout le monde pense, ce règlement n’a pas été écrit par nous, pour nous, dans notre coin ", affirme Cyril Abiteboul. " Au moment des négociations, d’autres poussaient pour des règles farfelues… "

" Dont la plupart sont aujourd’hui en action. À l’origine, Renault voulait un règlement différent du V8 pour donner du sens à son engagement en F1. Un turbo, deux turbos, un ERS, deux ERS, 100 kg ou 125 kg d’essence… Qu’importe. Le V8 n’avait plus de sens. Il y avait plus de technologie dans une Clio que dans un V8 de F1 ! ", ajoute-t-il.

L’autre difficulté pour Renault est sa trop grande dépendance à l’égard de Red Bull. En motorisant l’écurie autrichienne, devenue " équipe usine " et sa petite sœur, la Scuderia Toro Rosso, le Losange a certainement moins de latitude et un pouvoir de négociation plus faible. D’ailleurs, Renault déplore toujours un manque d’ouverture de la part de son partenaire.

" On n’est toujours pas sous le même toit ! Et je n’ai pas beaucoup plus d’infos sur leur nouvelle voiture. Donc, il n’y a pas eu de révolution de ce côté-là. Mais ils ont tellement de monde et de compétence qu’ils prennent certaines choses en main ", commente Cyril Abiteboul.

Témoin du manque d’influence de Renault, l’impossibilité pour le Losange de sauver Jean-Eric Vergne l’année passée, malgré la volonté de le faire. " On n’avait pas les moyens de sauver Jean-Eric Vergne. J’avais très envie qu’il reste. Renault aussi. Cela avait du sens. Mais Red Bull est le seul décideur. On ne pouvait pas les influencer. La stratégie n’aurait pas été idéale car il n’aurait pas été identifié clairement comme un pilote Renault ", explique le français.

Si l’idée n’est pas de remettre en cause l’association avec Red Bull, la question se pose sur l’intérêt d’une troisième équipe complètement indépendante. Au-delà de l’apport financier, Renault prendrait également un peu d’indépendance et renforcerait son pouvoir de votes dans les grandes décisions prises par les équipes au sujet de l’avenir de la F1.

Interrogé au sujet d’un possible retour d’une équipe officielle Renault, la réponse est intéressante puisque Cyril Abiteboul ne la rejette pas complètement ! " Pour ce qui est d’une équipe officielle Renault… Il faut regarder ", se plait-il à dire.

Il ne faudra cependant pas entrer dans un rythme effréné de dépenses disproportionnées. " Je suis par principe hésitant à engager Renault dans une escalade financière. Je n'ai pas envie d'investir encore et encore dans ce moteur qui ne me paraît pas adapté. Je ne veux pas non plus investir juste pour la performance de Red Bull. On n'investira pas sans plus de visibilité ni une confiance plus forte dans la gouvernance de la F1 ", ajoute Cyril Abiteboul.

" Notre cible, ce sont nos clients. Si déjà les fans de F1 ne sont pas intéressés par l'histoire qu'on leur raconte, il y a de forts risques pour que nos clients ne le soient pas non plus. Les fans appellent à plus de pragmatisme. Renault est intéressé par la F1. Nous sommes un acteur crédible de la F1. On croit à la puissance médiatique de ce sport ", conclut le français.

Avant d'envisager une troisième équipe, Renault veut donc s'assurer que les futurs règlements répondent à ses attentes et attend de la F1 une " vraie politique marketing ". L'idée bien entendu est d'améliorer la visibilité des constructeurs engagés.

Une fois fait, Renault pourra s'intéresser à la fourniture d'une troisième formation. À ce sujet, un journaliste du Sport Bild a évoqué en début de semaine un intérêt du Losange pour l’écurie Force India. Si l’information est à prendre avec de grandes pincettes, cette rumeur n’est peut-être pas si anodine en prenant connaissance des propos de Cyril Abiteboul. Un dossier probablement à surveiller dans les semaines à venir…

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Citation de toileF1 :

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